L’heure d’été, le retour
Comme il est toujours bon de connaître l’ennemi pour le combattre, penchons-nous quelques lignes sur notre si redoutée adversaire, sa vie, son œuvre (maléfique).
On pense souvent qu’elle a vu le jour en l’an de disgrâce 1976, suite au 1er choc pétrolier, mais il n’en est rien. D’abord, elle a déjà sévi en France entre 1916 et 1946, et surtout, sa possibilité remonte au Siècle des Lumières.
Car l’heure d’été est née en 1784, de l’union d’un esprit éclairé – Benjamin Franklin – et d’une noble intention : réduire les dépenses énergétiques.
L’idée a germé un matin où son domestique avait omis de fermer ses volets. Réveillé à 6h, Franklin, lève-tard invétéré, découvre alors que le soleil brille dès son lever, et que « l’on [peut] s’éclairer pour rien de [sa] belle et pure lumière* ». En somme, faire de substantielles économies de chandelles pour peu que l’on se cale sur ses horaires, la belle affaire !
Conscient de la rudesse de sa proposition de dynamiter des habitudes centenaires, Benjamin compatit : « Toute la difficulté sera dans les 2 ou 3 premiers jours (…) car il n’y a que le premier pas qui coûte »… jusqu’à un certain point : « Forcez un homme de se lever à 4h [sic] (…) il se couchera très volontiers à 8h du soir et (…) se lèvera sans peine à 4h le lendemain.».Estimons-nous donc vernis de pouvoir dormir grassement jusqu’à 6 ou 7h …
Heureusement pour nos ancêtres Beaux-Dormeurs, l’idée sombra dans l’oubli… avant d’en être extraite en 1916, sur la proposition d’un certain député André Honnorat, que l’on n’embrasse pas.
Pour en finir avec cette sombre histoire, sachez qu’outre l’instauration d’un couvre-feu et d’amendes pour abus de volets fermés, notre cher Benjamin proposait également à l’Etat de « faire sonner toutes les cloches des églises au lever du soleil; et si cela n’est pas suffisant, faire tirer un coup de canon dans chaque rue pour ouvrir les yeux des paresseux sur leur véritable intérêt. »
Finalement, en 2016, le changement d’heure ce n’est pas si brutal.
*Extrait de la lettre de Franklin dans le Journal de Paris du 26 avril 1784.
mars 2016
- Epeda - Actualité
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